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Commentaire sur le projet de passerelle des Guillemins

mercredi 25 avril 2012, par François Schreuer

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Avis de l’asbl urbAgora dans le cadre de l’enquête publique sur la construction d’une passerelle entre les sites des Guillemins et de la Boverie. Dossier 79241.

Liège, le 25 avril 2012

L’asbl urbAgora a assisté à la séance d’information organisée par le SPW à l’ICADI le 16 avril dernier, dans le cadre de l’enquête publique précitée. Y étaient présents le maître de l’ouvrage (le SPW, représenté par Stéphane Barlet, en charge du dossier), l’auteur de projet (l’association momentanée Bureau d’Etudes Greisch et Atelier Corajoud, représenté par Vincent Servais) et la Ville de Liège (l’Echevin de l’Urbanisme) qui ont présenté le projet définitif de la passerelle. À l’issue de celle-ci et à l’examen attentif du projet (dont les plans sont consultables sur le site de la ville de Liège), nous souhaitons formuler les remarques et propositions suivantes.

1. Préambule

Illustration 1

La présentation des esquisses de la passerelle en septembre 2011 avaient suscité des interrogations, relayées par la plateforme Guillemins.be, relatives principalement aux accès de part et d’autre de la Meuse. Ainsi, en rive gauche, la liaison entre le pied de la passerelle et la future esplanade des Guillemins, nécessitant la délicate traversée du futur boulevard urbain (5 bandes de circulation), était-elle jugée problématique : elle imposait des contorsions aux cyclistes pour emprunter un passage cyclo-pédestre décalé de quelques mètres au nord (voir illustration 1), rendant la cohabitation avec les piétons dangereuses sur quelques mètres, au lieu de privilégier le cheminement continu passerelle / passage cyclo-pédestre / esplanade des Guillemins ; en rive droite, l’insertion dans le parc de la Boverie posait question, en raison d’une longue rampe d’accès PMR traversant sur plusieurs dizaines de mètre l’espace vert à plusieurs mètres de hauteur. Le projet n’a pas formellement évolué sur ces points.

2. Évolution du projet et propositions

En rive gauche, la continuité entre la passerelle et l’esplanade n’est toujours pas assurée au niveau du passage cyclo-pédestre et c’est regrettable (voir illustration 1). L’on peut donc déjà imaginer la saturation rapide du flux de promeneurs au pied de la passerelle et les risques de télescopage qui y seront liés, comme c’est aujourd’hui le cas sur le RAVeL trop étroit de la rive droite : d’une part parce qu’il y a toute raison de croire que le réaménagement en rive gauche des bords de Meuse va attirer de nombreux piétons et cyclistes sur cet axe Nord-Sud qui leur est aujourd’hui inaccessible, et d’autre part parce qu’il est incontestable que la passerelle va drainer un public traversant important sur l’axe Est-Ouest. En effet, pour celui qui souhaite rejoindre les transports en commun train / tram / bus de la rive gauche ou celui qui souhaite se rendre dans les quartiers de la rive droite au moyen de la connexion RAVeL ou par le pont des Vennes (il y est prévu d’aménager un site propre cyclo-pédestre), la passerelle sera le passage obligé. Tant mieux, mais cela fait beaucoup de monde ! D’autant qu’il ne faut pas minimiser le flux des (nombreux) usagers du parc de la Boverie, des visiteurs du futur CIAC et des utilisateurs du Palais des Congrès qui seront susceptibles de l’emprunter.

Illustration 2

Dès lors, afin de garantir la sécurité liée au croisement des axes cyclo-pédestres Nord-Sud (quais de Meuse) et Est-Ouest (passerelle), nous demandons que le passage cyclo-pédestre prévu sur le boulevard urbain soit revu dans sa conception… et non que le pied de la passerelle soit déplacé ! Nous trouvons donc judicieux l’idée qui a été développée par les auteurs de projets pour concevoir l’ouvrage d’art et son positionnement sur le quai : la création d’une « fenêtre paysagère » — telle que formulée par le paysagiste Michel Corajoud — au départ de l’esplanade des Guillemins vers le parc de la Boverie. Nous pensons par contre que le boulevard urbain, compte-tenu du tracé aujourd’hui définitif de la passerelle, doit maintenant faire l’objet d’accommodements raisonnables afin de rencontrer de manière optimale l’intérêt des usagers doux (piétons, cyclistes et PMR).

Quand bien même cette remarque échapperait à la présente enquête publique (le passage cyclo-pédestre relève du permis déjà octroyé pour le boulevard urbain), nous demandons au SPW d’en tenir compte… d’autant qu’il s’agit de la relayer aux mêmes auteurs de projet pour la passerelle et le boulevard urbain (BE Greisch / Atelier Corajoud). Ainsi...

1) Nous proposons d’inverser la position de la traversée cyclable du passage-piétons projeté (voir illustration 1), de telle manière à l’inscrire dans la prolongation de la rampe d’accès de la passerelle (celle qui comporte une pente de 10 %) ;

2) Pour que cette modification offre les garanties de sécurité nécessaires, nous prônons également la réduction d’une bande de circulation automobile l’entrée de la rue de Fragnée (au lieu des 2 dessinées actuellement, voir illustration 1) ;

3) Pour ces mêmes raisons et pour le confort des modes doux empruntant l’axe Nord-Sud, nous demandons la suppression des espaces de parking prévu le long de la rampe d’accès PMR (voir illustration 2). Il s’agit de bon sens : veut-on un bord de Meuse rendu réellement aux promeneurs ? Le SPW-Routes pourra-t-il se permettre d’hypothéquer sa réappropriation par les usagers lents faute de largeur suffisante… alors que 8 ou 9 places de parking en moins suffiraient pour une praticabilité optimale ?

4) Enfin, nous jugerions opportun de convertir les premières places de parking qui seront situées à proximité du début de la rampe d’accès PMR en emplacements qui leur seraient spécifiquement réservés.

Illustration 3

En rive droite, nous tenons à souligner la qualité du réaménagement de la zone de mise à l’eau des avironeurs (illustration 3), prévu concomitamment à la construction de la passerelle et qui témoigne d’une écoute attentive de la part des auteurs de projet (ainsi la situation sera-t-elle améliorée pour l’accès à l’eau en cas de niveau de Meuse particulièrement bas).

Les connections cyclables et piétonnes nous apparaissent opportunes. La longue traversée du parc par la rampe PMR — quand bien même il s’agit d’un site classé, rappelons que la qualité du parc tient aussi, au-delà de son dessin originel, à son caractère évolutif tout au long du XXe siècle (construction du pavillon des Sports nautiques pour l’Exposition internationale de 1930, restauration du parc au lendemain de seconde guerre, suppression de Jardin d’Acclimatation et construction du Palais des Congès et de la tour cybernétique à la fin des années ’50, implantation du RAVeL et de la plaine de jeux dans les années ’90) — nous apparait apporter plus d’avantages que d’inconvénients, en facilitant la liaison cyclo-pédestre entre les quartiers du Longdoz et la rive gauche de la Meuse. La qualité de son insertion paysagère dans le parc tient à la simplicité de son dessin, l’ondulation de son parcours (illustration 4) et à la réduction du nombre d’appuis au niveau du sol (réduits à deux, voir illustration 5). Néanmoins, comme cela a été évoqué en séance publique d’information à l’ICADI, il serait souhaitable de réaliser des aires de repos planes pour les PMR.

Illustration 4
Illustration 5

Enfin, nous appelons la Ville de Liège à réaliser sans tarder les aménagements projetés sur le pont des Vennes (Atelier 4D) ainsi que la rénovation et restructuration du parc de la Boverie, telle que imaginées par ses concepteurs Paul Hautecler et Rita Occhiutto, de manière à proposer, une fois la passerelle et le CIAC réalisés — dont le timing est imposé par les Fonds FEDER — un ensemble cohérent.

Illustration 6
Illustration 7

Conclusion

La future passerelle offre toutes les qualités qu’un nouvel ouvrage d’art de ce type devait réunir à Liège. Sa largeur portée à 5,50 mètres pour permettre un croisement confortable de ses usagers — dont le SPW pourrait se servir comme étalon pour déterminer la largeur des futurs aménagements cyclo-pédestres en rive gauche —, le choix et le dessin soigné du système constructif (illustrations 6 et 7), l’attention apportée à l’éclairage et aux finitions (couleur blanche, calepinage en bois, simplicité des gardes-corps), le recours aux rampes pour les PMR plutôt que des ascenseurs à l’entretien couteux, en sont les expressions tangibles.

Comme détaillé plus haut, puisse néanmoins son insertion en rive gauche être l’occasion d’améliorer la conception du futur boulevard urbain, dont les options sont toujours enthousiasmantes, mais dont le dessin est encore trop raide à ce jour et à ce titre, sans aucun doute perfectible.

Pour l’asbl urbAgora,

François Schreuer
président

Cette publication est éditée grâce au soutien du ministère de la culture, secteur de l'Education permanente

 

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