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Va-t-on enterrer les idéaux de la politique de la ville à Bavière ?

jeudi 19 mai 2016,

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Avis de l’asbl urbAgora dans le cadre de l’enquête préalable à l’étude d’incidences sur l’environnement du projet « Bavière »

Le présent avis est composé de deux parties : une introduction générale, puis une série de questions que nous souhaitons poser aux auteurs de l’étude d’incidences sur l’environnement (EIE).

Première partie : introduction générale

Avant la présentation du projet soumis à étude d’incidences, notre association avait énoncé six critères |1| selon lesquels il fallait selon nous évaluer le projet qui allait être dévoilé pour l’aménagement du très emblématique site de Bavière : 1) nécessité d’une vision d’ensemble de l’urbanisation du site, à travers un Master Plan, 2) procédures exigeantes en matière de sélection des projets d’architecture, 3) présence d’espaces publics de qualité sur le site lui-même, en ce compris un grand espace vert 4) préservation du bâtiment de la dentisterie, 5) mixité des fonctions, 6) présence significative de logement social.

Le projet étant à présent connu, nous déclinons ici l’analyse annoncée sur ces différents enjeux, au regard du projet présenté le 14 avril et des documents rendus publics depuis lors.

Un lotissement, pas un master plan

L’équipe d’auteurs de projet engagée par le promoteur (les architectes AUDEX, L’Atelier, ASSAR) n’a pas réalisé un Master plan, mais un plan de lotissement, réservant chaque lot aux différents pouvoirs publics qu’il appelle en renfort (Ville, Province, Université/CHU) pour les acheter (ou leur louer au prix fort… ça reste à voir). La Province, plus prompte à soutenir les promoteurs privés que la création et la culture architecturale, ne s’est pas fait attendre, puisqu’elle a déjà acheté en 2015 pour 3,5 millions d’euros son morceau du gâteau foncier (un acte qui a eu de profondes répercutions sur l’ensemble du projet). Bref, autant de temps passé dans l’ombre pour dévoiler un plan de lotissement, on a du mal à imaginer qu’on soit tombé aussi bas et que les pouvoirs publics en présence (Ville, Province, Université), acceptent de souscrire à cette absence de vision sans sourciller. Quant aux enseignants de la Faculté d’architecture voisine, on imagine qu’ils auraient bien du mal à donner satisfaction à un étudiant qui présenterait à son jury un projet aussi médiocre ! Bref, c’est à un recul important que l’on assiste ici, par comparaison avec la dernière proposition en date (2005-2006), validée alors à l’unanimité par le Conseil communal, celle d’Anorak / Himmos, associé au paysagiste français Michel Desvignes, qui développait l’urbanisation du site au départ d’une intention paysagère généreuse, imaginant une grande place et un grand parc public.

Des espaces publics résiduels, des espaces verts publics absents

La première faiblesse de ce plan qui saute aux yeux concerne les espaces publics. Le lotissement s’articule dans la prolongation de la rue Théodore Schwann et autour d’une place située en bordure du site (face à l’Académie Grétry). Les autres espaces publics sont relégués au rang de vides résiduels entre les masses bâties. De surcroît, le statut de ces espaces intérieurs au site n’est guère défini à ce stade, et le risque d’une semi-privatisation de la majeure partie d’entre-eux semble réel, si l’on en croit ce qui a été dit lors de la réunion publique du 14 avril.

La situation est encore plus préoccupante en ce qui concerne les espaces verts. Si le projet en prévoit quelques-uns, ceux-ci sont tous privatifs, réservés à l’usage exclusif des différents lots.

Le Schéma de développement de l’espace régional (SDER) |2| stipule pourtant que « chaque citoyen wallon doit atteindre à pied en moins de 10 minutes (de l’ordre de 700 m maximum) un espace vert (un parc ou un jardin public, un potager collectif, un terrain de jeu,...) et cela qu’il habite en ville ou à la campagne. Chaque Wallon devrait pouvoir accéder à des espaces de ressourcement tels qu’un massif forestier ou un paysage rural en moins de 30 minutes à pied, 10 minutes à vélo (de l’ordre de 2 km maximum) ou 5 minutes en transport en commun » (p. 41). Il précise également (p. 125) qu’« un projet d’urbanisation destiné à la résidence de plus de 5 ha devrait comprendre 10 % d’espaces verts accessibles au public au cœur ou en bordure de son périmètre ».

Le site de Bavière est ici doublement concerné. De par le fait, d’abord, que la partie Nord d’Outremeuse est dépourvue de tout espace vert et que de nombreux habitants se trouvent, de fait, éloignés de plus de 700 m du premier espace vert. De par celui, ensuite, que le projet présenté dépasse bel et bien 5 ha dès lors que le réaménagement de la Rue des Bonnes villes et du Bld de la Constitution sont présentés comme faisant partie du projet.
Par conséquent, l’absence d’un grand espace vert (d’au moins un demi hectare) accessible au public (et non réservé aux habitants des logements) nous semble non seulement fortement regrettable pour les habitants du quartier mais également contradictoire avec le principal texte régional censé orienter l’aménagement du territoire et l’urbanisme.

La création architecturale à la poubelle

L’architecture moderne, d’abord, avec la démolition de l’ancienne dentisterie, témoignage des années ’30 sur le site, décision qui piétine les actions de sensibilisation tenir menées de longue date par la société civile à son égard (ladentisterie.be, DOCOMOMO) et les enjeux plus fondamentaux du réemploi du bâti, dans l’esprit de la COP21. Pour toute proposition architecturale d’ensemble ou de parties, le promoteur a invité les architectes avec lequel il travaille depuis toujours (L’Atelier, AUDEX) ; il n’y a aucune émulation. Concernant des enjeux urbains d’une telle importance pour Liège, il est tout bonnement incroyable de faire l’économie de toute débat architectural et de réserver une telle chasse gardée au copinage. Les recommandations du Livre blanc de l’architecture contemporaine de 2004 qui invitent les pouvoirs publics belges wallons et bruxellois de mettre en œuvre une politique cohérente de concours d’architecture ? On l’ignore superbement. La Nouvelle politique de la Ville en Wallonie (novembre 2015) qui inscrit la qualité architecturale et le patrimoine dans ses axes prioritaires ? On n’en tient pas compte. La politique communale de l’architecture votée à l’unanimité par le Conseil communal de Liège le 22 juin 2015 et qui « reconnait la création contemporaine en architecture comme un facteur essentiel du développement urbain [...] et du rayonnement culturel de la Ville de Liège au niveau métropolitain, en Belgique et à l’international » et « préconise […] des architectures publiques exemplaires, pour l’ensemble des investissements de la Ville qu’ils soient de nature immobilière ou concernent l’aménagement d’espaces publics » ? De belles intentions sans concrétisation ! Chaque futur propriétaire des lots (Ville, Province, Université) fera en effet ce qu’il veut — la Province a déjà pris les devants, fer de lance et pionnière de l’exemple à ne pas suivre, elle snobe l’idée d’un concours d’architecture pour le plus important investissement culturel de la décennie à Liège, réunissant la plus grande bibliothèque de Wallonie, une « Maison de la création » et une pépinière d’entreprises numériques sous le label « Creative Wallonia » (!). Une remarquable leçon d’absence de cohérence ! La seule intention architecturale et patrimoniale exprimée ici est une opération de « façadisme », tel qu’on la dénonçait déjà à Bruxelles dans les années ’80, qui maintient les murs extérieurs de l’ancienne entrée de l’hôpital de Bavière… Une nouvelle fois, le recul est massif par rapport à la proposition d’Anorak / Himmos : d’une part, cette dernière maintenait l’ancienne dentisterie pour la réaffecter en pôle culturel et le bâtiment d’entrée du XIXe siècle pour y aménager en ses murs des logements étudiants. Ensuite elle prévoyait, à la manière d’un « Bouwmeester / Maître architecte », le recours à des architectes différents, tous identifiés sur le plan de la création architecturale en Belgique et à l’étranger, pour réaliser les différents programmes du site. Bref, une véritable vision de la politique de la ville et d’un processus pour y parvenir.

Une mixité des fonctions sans logement public

Sur cet aspect, le promoteur a réussi son pari, celui de convaincre le plus grand nombre de pouvoirs publics de financer son projet : le CHU y construira sa nouvelle polyclinique, la Ville et la Province s’associeront pour construire une crèche, un commissariat de police et un centre sportif, et enfin la Province réalisera son pôle culturel. Les seuls investissements privés se résument à des formes de logements (histoire de ne supporter aucun des risques de plus faible rentabilité) : maisons de repos, résidences-services, appartements de standing et 450 kots étudiants. Par contre, pas de logement public, alors que la pénurie est permanente dans les grandes villes. Pour la cohésion sociale, on repassera.

Refuser le nivellement par le bas

Il nous apparaît inacceptable que les pouvoirs publics en présence (Ville, Province, Université) capitalisent sur la lassitude de 25 ans d’échecs successifs pour la reconstruction de Bavière pour faire passer le projet le plus inconsistant qu’on ait vu à ce jour. Nous ne comprenons par ailleurs pas ce qui justifie pour les pouvoirs publics d’organiser d’un côté des concours d’architecture comme à la Boverie (dont la Ville célèbre à grand renfort de communication l’architecte français Rudy Ricciotti) et de l’autre côté, à Bavière, de s’en dispenser. Enfin et surtout, nous ne pouvons accepter, en 2016, que la seule politique de la Ville pour ce site se résume à financer un investisseur privé pour qu’il réalise une opération principalement dédiée à des fonctions publiques ; que cette opération se passe sans les formes aujourd’hui défendues par tous les acteurs professionnels, académiques et culturels de la construction de la ville en Belgique et en Europe : la réalisation d’un Master plan sur base d’un concours d’architecture exemplaire.
Liège et la Wallonie veulent-elles à ce point se positionner en contre-pied total de ce qui se fait de mieux aujourd’hui à Bruxelles, en Flandre et à l’étranger ? À quoi servent les différents référentiels régionaux (Politique de la Ville) et communaux (Politique architecturale de Liège), s’ils ne sont pas concrètement mis en œuvre ? Laisser faire une telle opération dans le paysage urbain reviendrait à accepter un hold up spatial et intellectuel doublé d’un montage financier qui risque de s’avérer très coûteux pour les pouvoirs publics. Nous invitons le Collège à ne pas se laisser séduire par un tel marchandage du bien commun, qui au final décrédibiliserait la portée de son action publique.

Une idée alternative nous semble donc devoir être envisagée : nous appelons les pouvoirs publics, plutôt qu’à acheter le terrain par petits bouts (ce qui coûtera inévitablement plus cher au final), à racheter l’ensemble du site au promoteur (on peut déjà retirer 3,5 millions au coût foncier du site, puisque la Province a déjà acquis « sa » parcelle), pour ensuite l’urbaniser avec le même programme que proposé (en ajoutant du logement public en sus, de manière à être cohérent avec les politiques de recommandations régionales wallonnes), autour d’un véritable « master plan » présenté au terme d’un concours exemplaire.

Par ailleurs, nous refusons le discours aujourd’hui dominant qui vise à faire passer n’importe projet par un mécanisme pervers de chantage aux fonds européens de développement FEDER. Rappelons qu’il n’est pas trop tard de ce côté pour lancer un processus de concours — qu’on nous prouve le contraire.

Projet pour la friche Bavière présenté au public en avril 2016

Deuxième partie : questions particulières

a) De la nature et de l’usage des voiries et espaces réputés publics

Le plan d’implantation des lots et ensembles bâtis correspondant est organisé de telle manière qu’il n’existe pas de continuité visuelle dégagée à travers l’îlot de Bavière. Cet effet est renforcé par la déclivité artificielle qui est apportée sur le site du fait du recouvrement d’un niveau de parking au centre de celui-ci. Cette configuration empêche l’usager de l’espace public d’apprécier, depuis les rues existantes avoisinantes, la fréquentation et le passage potentiel qu’offre le nouveau quartier. Ceci génère une série de questions en matière de sécurité et de contrôle social des espaces situés entre les ensembles bâtis.

  • Ces espaces sont-ils considérés comme de l’espace public ?
  • Sont-ils conçus et considérés — au même titre que l’ensemble de l’espace public liégeois — comme capables d’accueillir des manifestations temporaires évènementielles de type : marché, braderie, passage d’une marche organisée, concert, etc…
  • L’accessibilité cyclo-pédestre y est-elle garantie 7j/7 et 24h/24 ?
  • Leur entretien incombe-t-il à la Ville de Liège ou aux propriétaires ?
  • Du fait de cette configuration, ne génère-t-on pas des situations favorable aux incivilités ?
  • Cette situation n’a-t-elle pas tendance à dissuader le passage à travers l’îlot et de ce fait de diminuer une perméabilité souhaitable à l’échelle du quartier ?
  • Est-ce une volonté délibérée des concepteurs et des auteurs du projet ?
  • Les espaces résiduels réputés publics ainsi conçus ne risquent-ils pas de générer une criminalité suffisante pour nécessiter à terme d’être fermés au public, pendant toute ou partie de la journée ?
  • Peut-on accepter un tel risque de détournement potentiel obligé de l’espace public ?
  • Ne faut-il pas à ce stade du projet supprimer ce risque en corrigeant le plan des voiries internes de l’îlot ?

b) Des espaces verts, de leur nature et de leur accessibilité

Le plan présenté renseigne plusieurs espaces dits verts. Il convient de clarifier certaines choses quand à leur ouverture sur le quartier et le traitement prévu du végétal.

La présentation qui a été faite n’est pas claire sur l’implantation et le statut des espaces verts. Les ilots A, C, D, E et F comportent des espaces verts dont certains sont renseignés à la planche 13 de la présentation comme faisant partie du continuum des espaces publics. Planche 30, on apprend par des inscriptions explicites ou le code couleur que ces espaces sont potentiellement privatifs ou collectifs à usage privé. La nature de ces espaces est à clarifier.

  • Quels sont les espaces verts qui font partie de l’espace public ? On entend, ici, par espace public : l’ensemble des lieux dont l’usage et la jouissance ne sont pas liées à la propriété ou la location d’une des parties bâties du nouveau quartier mais dont l’appropriation est égalitaire par tous les citoyens de la ville ?
  • Quels sont les espaces extérieurs réputés verts dont l’accès est restreint et conditionné par une quelconque forme d’usage du bâti du nouveau quartier ?
  • Quelles sont les conditions d’accessibilités de ces espaces ?
  • Les espaces verts sont-ils accessibles 24h/24 - 7j/7 ?
  • Leur accès est-il protégé par des dispositifs de fermeture ?
  • Si c’est le cas, quelles sont les conditions d’accès ?
  • Est-ce payant ?
  • Un service de gardiennage est-il prévu ?
  • Qui assure l’entretien de chaque espace réputé vert au plan ?
  • Quel est le type de végétation envisagé sur les espaces verts situés au-dessus des parkings ?
  • Concernant l’espace vert de l’ilot F, la planche 29 montre des visualisations très minérales des sols à cet endroit alors que la planche 30 renseigne le même espace par un aplat vert foncé qui entretient la confusion. Est-il légitime de considérer cet espace comme vert ou bien est-ce là une interprétation usurpée ?
  • Deux espaces interstitiels entre les îlots D et E et les îlots E et F apparaissent et disparaissent au fil des planches comme espaces potentiellement verts mais dont le statut varie au fil de la présentation. Sont-ils considérés comme espace vert ? Et comment répondent-ils aux questions d’accessibilité décrites ci-dessus ?
  • Le plan du nouveau quartier prévoit il des espaces publics dédiés aux enfants de type plaine de jeux ? Et si oui leur accès est-il réservé ? Conditionné ?

c) Des interrogations concernant les parkings

Le choix qui est posé de construire un niveau de parking enfoui (traduisez plutôt recouvert) au niveau du sol de la ville n’est pas sans entraîner une série de corollaires aux conséquences très préoccupantes. Cette attitude génère un effet de socle. Il convient d’envisager ses expressions locales et les conséquences qu’il entretient dans l’articulation du nouveau quartier avec la ville existante.

En premier lieu, on peut déplorer un manque total d’information claire sur les planches 25 à 27 concernant le repérage des niveaux des sols des différents parkings, des voiries et des sols avoisinants. L’information est présente sporadiquement et non détaillée avec les mêmes systématisme ou précision. On peut dès lors s’interroger sur la présence et l’existence de façades du parking donnant sur l’espace public existant.

  • Les trottoirs de la rue des Bonnes Villes et du boulevard de la Constitution seront-ils bordés par endroit de murs aveugles ou percés uniquement d’opercule de ventilation conséquence de la présence du stockage des voitures au RDC de la ville ?
  • Si cette disposition devait se confirmer, on peut s’interroger sur les conséquences du déficit de contrôle social que génèrent ces grandes étendues de façades mortes.

Pour des raisons de continuité des sols supérieurs internes au nouveau quartier, l’effet de socle nécessite une prolongation au-delà de l’emprise stricte des parkings. Cette posture ouvre aux interrogations suivantes.

  • Quelles sont les fonctions qui habiteront ces socles en dehors des parkings ? La présentation n’en fait nulle mention alors que c’est toute l’interface du site avec la ville qui est concernée.
  • Le nouveau quartier pour se rendre accessible est équipé d’escaliers et de quelques rampes. L’espace public auquel il donne accès a donc une accessibilité différenciée tandis qu’on est PMR ou capable d’emprunter des marches d’escalier. Si pareille iniquité est parfois incontournable dans des projets sur des terrains avec une déclivité naturelle, on peut se poser la question de l’opportunité pour l’auteur de projet de générer un tel obstacle. Les îlots F et G sont particulièrement concernés tout comme l’espace situé entre les ilots B (bibliothèque) et F.
  • De même, la position de surplomb de toute une série d’espaces publics sur les voiries existantes va générer des problèmes de sécurité nécessitant d’équiper ces plateaux de très longs garde-corps. De quelle nature seront ces gardes corps ?
  • Laisseront-ils passer la vue ou bien ceux-ci renforceront-ils l’effet « forteresse » du plateau en proposant des espaces de replis ou de dissimulation ?
  • Quel sera le niveau de la main courante des gardes-corps par rapport au trottoir en contrebas ? 3 m de parking + 1 m de garde corps = 4 m ? plus ? moins ?

La mise en surplomb d’une partie importante des espaces publics du projet renvoie aux questions traitant de l’appropriation de ceux-ci, de leurs potentiels usages et de leur destination finale. Il en va de la sécurité de tous et de la pertinence de la posture spatiale du nouveau quartier dans son rapport à la ville qui l’accueille.

Lors de la Réunion d’information préalable à l’EIE (RIP), le représentant des promoteurs a signalé la pollution du sous-sol. Or, des travaux de terrassement conséquents sont liés à l’enfouissement de la majeure partie du parking. Cette annonce entraîne son lot de questions et d’inconvénients majeurs.

  • Quelle est la nature de cette pollution en sous-sol ?
  • Des analyses pertinentes et suffisantes ont-elles été effectuées ?
  • Quels sont les laboratoires qui ont réalisé ces analyses ?
  • Les résultats de ces analyses ont-ils été publiés et sont-ils accessibles ?

L’aménagement du site du Valdor a connu une situation semblable.

  • Quelle option concrète fut choisie pour résoudre ce problème, sur ce chantier ?

La solution proposée tend à peu superposer (si ce n’est au dessus de la surface de la ville) les plateaux de parking.

  • Ne serait-il pas plus judicieux de creuser un ouvrage plus en profondeur mais moins étendu afin de limiter les coûts de dépollution et de concentrer les efforts de génie civil en sous-œuvre ?
  • Cette solution a-t-elle été étudiée ? Et si oui, quelles sont les raisons de son écartement alors qu’elle a comme autre avantage d’augmenter la surface de terrain demeurant en pleine terre ?

d) De la mixité des fonctions

L’implantation des différentes institutions et ensembles fonctionnels suit exactement et strictement une logique de lotissement. Cette conception de l’organisation du quartier génère un usage et une occupation du bâti très séquencés dans le temps.

  • Des dispositions sont-elles prévues pour éviter une fréquentation par intermittence des bâtiments ?
  • Comment le rapport à l’espace public et le contrôle social qui en découlent ont-ils été étudiés par les auteurs de projet ? Notamment :
    • Dans le rapport des façades et des vues ou accès qu’elles génèrent ?
    • Dans l’enchainement temporel des activités qui peuvent se relayer dans l’appropriation des lieux ?
  • Un plan lumière a-t-il été étudié pour les espaces extérieurs ?
  • Les jeux d’éclairement des façades habitées en soirée ont-ils été étudiés dans leur rapport à l’espace public ?

e) Des enjeux patrimoniaux

Concernant le bâtiment d’accueil de l’ancien hôpital de Bavière, une série de questions se posent. Le bâtiment constitue — par sa position et sa persistance sur le coin — une articulation importante avec le quartier. Dessiné par l’architecte Demany et construit en 1895 en style néo-mosan, l’ensemble est repris à l’inventaire du patrimoine et les façades font l’objet d’une exigence de conservation.

  • Comment envisage-t-on la conservation ?
  • Si les façades sont conservées, en sera-t-il autant des toitures et brisis ardoisés ?

Ces pans en retrait du plan des façades sont des parties intégrantes de la volumétrie et du rendu de façade. Depuis le Boulevard de la Constitution, le bâtiment est appréciable avec beaucoup de recul. Toute autre volumétrie, couverture ou ajout de type étage en penthouse modifierait grandement l’équilibre de l’ensemble.

  • La conservation des façades est-elle envisagée dans son rapport du trottoir jusqu’à la corniche ou jusqu’au faîte des toitures ?

De même, on semble distinguer sur la planche 12 de la présentation que le bâti derrière les façades sera nouveau. Si l’on peut comprendre des raisons techniques de remplacement d’un bâti obsolète ou vétuste, on est en droit de s’interroger sur la spatialité et l’équilibre des volumes qui vont s’élever en lieu et place des deux ailes actuelles. Les bâtiments en V ont une profondeur et des hauteurs sous plafonds qui ont été composées en harmonie avec les façades. Si les façades sont conservées, on est en droit d’attendre que les nouveaux volumes articulés répondent à des règles de composition qui ne dénaturent pas l’ensemble.

  • Y a-t-il des garanties données dans ce sens par l’auteur de projet ?
  • Les contraintes d’une antenne hospitalière du XXIe siècle prévue à cet endroit sont-elles compatibles avec ces contraintes spatiales et architecturales de la façade XIXe ?

Pour l’asbl urbAgora,

Mathilde Collin, présidente,

Avec la co-signature de :
Aloys Beguin,
Martin Bodmer,
Olivier De Wispelaere,
Tatiana Falaleew,
Benoit Heylens,
Thomas Moor,
Enrica Perotti

 

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