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UrbAgora réclame un débat public sur le tram

mercredi 24 septembre 2008,

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Fondée en mars 2008 par une vingtaine de passionnés d’aménagement urbain dans la foulée de la pétition « Oui au tram ! Non à l’autoroute ! », l’association UrbAgora milite pour une réorientation de la politique de mobilité en région liégeoise vers les transports en commun. Elle suit de près l’évolution du dossier du tram liégeois qui, aujourd’hui, fait l’objet de plusieurs études (PUM, SRWT, GRE). Le président d’UrbAgora, François Schreuer, fustige le manque d’informations sur ce dossier capital pour l’agglomération liégeoise.

Le tram devient un sujet de discussion à Liège. Un échevin souhaite qu’il ne passe pas rue des Guillemins. Un autre anticipe son passage en adaptant la rue… Le débat est lancé ?

Pour l’instant, les décisions se prennent à la Région et à la Conférence des bourgmestres avec beaucoup d’opacité. Par exemple, l’étude de la SRWT est « secrète ». Le risque est que, n’étant pas informée, la population ne comprenne pas les enjeux du tram. A ce moment, il sera difficile d’éviter une opposition frontale avec les riverains concernés par le futur tracé.

Justement, quel tracé ? Le ministre André Antoine a parlé d’une seule ligne. Le ministre Daerden défend un réseau en croix. Vous ajoutez une boucle centrale…

Nous n’avons pas vocation à dire par quelle rue doit passer le tram. Ce qui nous anime, c’est comment le tram modifie les équilibres urbains. Faire un tram c’est urbaniser, déterminer les cœurs de quartier présents et futurs de l’agglomération. Le fond de Seraing et son boulevard urbain, par exemple. Il y a des questions fondamentales à aborder outre le simple « upgrade » technique.

Lesquelles ?

Comment gérer la gentryfication de certains quartiers populaires… Le tram doit s’accompagner d’une hausse de l’offre de logements en urbanisant des nouveaux quartiers. En outre, il faut chercher des complémentarités avec la SNCB. On ne peut pas faire le tram sans penser à un futur RER pour mieux connecter l’agglomération liégeoise à Visé, Waremme, Verviers, Huy ou Aywaille sans compter la réouverture d’arrêts comme Amercoeur, Vivegnis, Cheratte ou les Vennes. De même, il faut prévoir une intégration tarifaire avec la SNCB.

La mise en place d’un nouveau réseau de transport en commun dont le tram serait l’épine dorsale pourrait avoir un effet pervers : favoriser la périphérie au détriment des quartiers péricentraux…

C’est pour cela qu’il faut une boucle qui passe dans des quartiers comme les Vennes ou le Longdoz. Pour la Citadelle et Ste-Walburge, nous avons déjà proposé de réaliser un téléphérique. En tout cas, le tram postule la réorganisation complète du réseau de bus. Nous proposons d’avoir de nouvelles lignes traversantes qui relient deux quartiers en passant par le centre-ville. Du Laveu au Thier-à-Liège, par exemple. Sur le réseau de tram, il faudra des nœuds de correspondances avec les bus. Et comme dans tout changement, il y aura des gens défavorisés par rapport à la situation existante. C’est pour cela qu’il faut une méthodologie claire et publique.

Comment faire selon vous ?

Tout d’abord, le débat doit se faire au niveau d’une communauté urbaine, composée d’élus, et non dans les cabinets. Ensuite, nous pensons qu’il faut associer les utilisateurs des transports en commun qui sont les meilleurs experts. Leur point de vue ne doit pas faire loi mais doit être entendu. Le tram, c’est sans doute le projet urbain le plus décisif après la reconstruction d’après-guerre. C’est également un outil de justice sociale. Tous ces enjeux nécessitent un débat public.

Propos recueillis par Philippe Bodeux