Le fil vert

Amsterdam va bannir les véhicules thermiques de ses rues d'ici à 2030

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La municipalité néerlandaise a annoncé un plan en plusieurs étapes destiné à réduire la pollution de l'air, actuellement au dessus des seuils autorisés par l'Union européenne.
par Nelly Didelot
publié le 8 mai 2019 à 12h42
(mis à jour le 8 mai 2019 à 12h43)

 Jusqu’au 26 mai, le Fil vert, le rendez-vous environnement de Libération, se teinte de bleu à l’occasion des élections européennes.

En 2030, les seules voitures et motos autorisées à circuler à Amsterdam rouleront à l'électricité ou à l'hydrogène, mais ni à l'essence ni au diesel, a annoncé la municipalité le 2 mai. Les autorités espèrent réduire grâce à cette mesure la pollution de l'air, «tueur silencieux et un des plus grands risques sanitaires à Amsterdam», selon les termes de Sharon Dijksma, conseillère municipale chargée de la circulation. Amsterdam a beau être la ville des cyclistes, les taux de dioxyde d'azote et de particules fines y sont supérieurs aux limites européennes et réduisent probablement d'un an l'espérance de vie des habitants.

Pour atteindre l'objectif d'une zone zéro émission d'ici à 2030, la ville a prévu de fonctionner par étapes. La première sera atteinte dès l'an prochain quand les véhicules construits avant 2005 ne seront plus autorisés à rouler en ville. En 2022, l'interdiction sera étendue aux bus émettant des gaz à effet de serre, puis aux bateaux de plaisance et aux deux-roues, trois ans plus tard.

En compensation, la municipalité promet de mettre en place de nouvelles subventions pour faciliter l'achat de voitures non émettrices de gaz à effet de serre. Elle devrait également installer gratuitement une station de recharge chez tous ceux qui achèteront de tels véhicules. Il existe pour l'instant environ 3 000 points de recharge à Amsterdam, loin des 16 000 à 23 000 nécessaires pour rendre le projet viable.

«Ville de riches»

Face à la pollution de l'air qui étouffe la plupart des capitales européennes, ce type d'initiatives se multiplie. Certaines villes appliquent le principe du pollueur-payeur, comme Londres. Depuis avril, les conducteurs de véhicules essence construits avant 2006 et de diesels antérieurs à 2015, doivent s'y acquitter d'une taxe de 14,50 euros pour entrer dans le centre. D'autres, comme Madrid, bannissent purement et simplement les véhicules polluants. Depuis novembre, les cinq kilomètres carrés du centre ne sont accessibles librement qu'aux voitures électriques ou hybrides, aux bus et aux taxis et chaque plaque d'immatriculation y est scrutée par le réseau de caméras mis en place pour s'assurer du respect de l'interdiction. Paris prévoit, de son côté, d'interdire les diesels d'ici 2024 et les essences en 2030.

Toutes ces mesures, saluées par les écologistes, ont été critiquées par les associations de conducteurs, qui dénoncent notamment leur aspect antisocial. Aux Pays-Bas, l'association Rai, qui représente les intérêts de l'industrie automobile, a condamné un plan qui va laisser de côté «des dizaines de milliers de familles qui n'ont pas les moyens d'acheter une voiture électrique» et «transformer Amsterdam en ville de riches». Une responsabilité partagée par les constructeurs, qui ne se pressent pas pour orienter leur production vers l'électrique. Les objectifs européens de réduction des émissions de CO2 venant des voitures, fixés en décembre, ne les obligeront en 2030 qu'à produire un véhicule électrique pour deux thermiques.

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