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Ecologie décoloniale : « Une connexion se fait aujourd’hui entre l’animisme et le droit moderne occidental »

Une pratique décoloniale de l’écologie se développe, y compris en France, conduisant la justice à devoir trancher entre l’intérêt de la nature et celui du développement, estime Diego Landivar, chercheur spécialiste de l’étude de l’anthropocène, dans un entretien au « Monde ».

Propos recueillis par 

Publié le 24 janvier 2020 à 10h39

Temps de Lecture 4 min.

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Directeur et cofondateur d’Origens Media Lab (Clermont-Ferrand), un laboratoire de recherches et d’enquêtes sur l’anthropocène et l’effondrement des milieux de vie, Diego Landivar travaille notamment sur les reconfigurations cosmopolitiques dans les pays andins, le droit des entités non humaines et les controverses autour de la transition écologique.

Quand a-t-on commencé à parler d’écologie décoloniale ?

Déjà dans les années 1960, le sociologue péruvien Anibal Quijano intégrait dans sa critique du colonialisme la question de l’écologie. Il n’emploie pas le terme même d’écologie décoloniale, mais l’idée est là. Trente ans plus tard, on assiste à la dissémination de la pensée décoloniale sud-américaine avec notamment les travaux du sémiologue argentin Walter Mignolo et la critique du développement de l’anthropologue d’origine colombienne Arturo Escobar qui cherche à revitaliser des conceptions plurielles, authentiques et animistes. En Europe, il a fallu attendre les années 2000, avec notamment le travail de l’anthropologue Philippe Descola (Par-delà nature et culture, Gallimard, 2005), pour que soit posée la question des écologies plurielles. Mais il n’est pas encore question d’écologie décoloniale. Le philosophe Bruno Latour juge la pensée d’Arturo Escobar folklorisante. Quant à Philippe Descola, il estime que le structuralisme est davantage pertinent que l’approche décoloniale.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Aux origines coloniales de la crise écologique

Dans différents pays d’Amérique du Sud ou d’Océanie, des entités naturelles ont été reconnues comme des sujets de droit. Est-ce là le résultat de combats écologiques décoloniaux ?

Pas nécessairement. En Equateur, le droit a intégré des conceptions héritées des peuples autochtones, des récits mythologiques andins et des pensées décoloniales. En Bolivie, la reconnaissance des droits de la Pachamama (Terre Mère) s’est faite selon une logique endogène. Lors de l’élaboration de la Constitution sous la présidence d’Evo Moralès, chaque peuple a exprimé son attachement aux animaux, à la forêt, aux minerais, à la montagne… Ce processus s’est joué en dehors du mouvement décolonial, dont l’arsenal méthodologique reste occidental.

Entre développement et droit de la nature, que faut-il privilégier ?

Tout dépend du contexte. A chaque situation, sa réponse. Le juge va devoir endosser un nouveau rôle et devient une sorte de chaman. Il va devoir trancher entre l’intérêt de la nature et celui du développement. Il va devoir établir une hiérarchie.

L’écologie décoloniale invite à revaloriser d’autres approches, mais sont-elles adaptées à notre monde contemporain ?

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