Seules 30 des 96 plus grandes villes du monde ont atteint en 2019 leur pic d’émissions de gaz à effet de serre (GES) et voient aujourd’hui leur niveau d’émissions diminuer. « Souvent, les intentions sont réelles, mais les véritables transformations se font attendre, confirme Anne Ruas géographe à l’Ifsttar (Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux) et coordinatrice de l’Alliance pour la recherche urbaine en Europe (Urban Europe Research Alliance). Non que des initiatives, parfois même exemplaires, ne soient pas prises, mais leur mise en œuvre reste souvent très localisée. Il n’y a pas de passage à l’échelle. Or, pour qu’elles aient un réel impact, il faudrait que les actions s’étendent à un plus large territoire et davantage de citoyens. »
De fait, lorsque les collectivités communiquent, elles mettent l’accent sur des actions isolées : ici un écoquartier, là une navette électrique, là encore une centrale solaire photovoltaïque… Rares sont celles qui portent ouvertement une politique d’ensemble.
Or la transition appelle une stratégie globale, d’autant que les actions isolées peuvent se révéler incohérentes. Apaiser la ville en développant voies de tramways et pistes cyclables peut se faire au prix d’embouteillages accrus. De la même façon, vouloir redynamiser les commerces de proximité dans les centralités (centres-villes, centre bourg, quartiers) est vain si les nouvelles implantations commerciales se poursuivent en périphérie.
Faire des choix et les assumer jusqu’au bout
« Etre une ville en transition, c’est penser toutes les retombées des actions que l’on engage. C’est faire des choix et les assumer jusqu’au bout. Cela paraît évident mais c’est loin d’être toujours le cas », observe Nicolas Thibault, consultant et conseiller Cit’Energie. Ce label européen distingue les collectivités qui mettent en œuvre une politique énergétique et climatique « exemplaire ».
Tous les choix à opérer sont loin d’être populaires. Promouvoir la marche ou le vélo suppose par exemple de repenser la répartition de l’espace public, ce qui peut conduire à élargir les trottoirs pour les sécuriser, comme à supprimer des places de parking… « Or, même si les gens sont ouverts à l’idée d’apaiser la ville, une fois que c’est devant chez eux, ils vont défendre leur pré carré et s’opposer à la suppression des places de parking. D’où l’importance de réaffirmer l’enjeu global, d’avoir une ligne claire et savoir la porter en insistant sur les bienfaits collectifs, insiste Nicolas Thibault. Etre une ville en transition c’est aussi se poser la question du pourquoi on le fait. »
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