Des petites bougies allumées déposées sur le sol dessinent le chiffre 1 700 devant le siège de la Métropole européenne de Lille (MEL) ; 1 700, comme le nombre de décès prématurés attribués chaque année, selon Santé publique France (SpF), à la pollution de l’air à l’échelle de l’agglomération. A l’invitation de plusieurs associations environnementales, une soixantaine de Lillois – certains vêtus de noir de la tête aux pieds – ont profité, jeudi 10 janvier, du premier séminaire sur la santé environnementale de la MEL pour rappeler aux élus ce bilan macabre et rendre hommage aux victimes.
« Notre espérance de vie a diminué d’un an et demi. » Christopher Liénard
« Nous sommes inquiets pour la santé des habitants car notre espérance de vie a diminué d’un an et demi à cause de la pollution de l’air, pointe Christopher Liénard, président des Amis de la Terre Nord, l’une des associations organisatrices du rassemblement. Il s’agit d’un tueur invisible et c’est pour ça que ce scandale sanitaire se poursuit. »
Selon les relevés de la station Lille-Fives (quartier coupé du centre-ville par le périphérique) d’ATMO Hauts-de-France, l’organisme de surveillance de la qualité de l’air dans la région, le seuil journalier maximal de concentration de particules fines PM2,5 (de diamètre inférieur à 2,5 micromètres, µm) fixé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a été atteint plus d’une soixantaine de fois en 2018. L’OMS recommande de ne pas dépasser plus de trois jours par an 25 microgrammes (µg) par mètre cube (m3) de PM2,5 sur vingt-quatre heures.
Ces excès répétés n’ont pourtant pas poussé les autorités locales à intervenir. Et pour cause : en France, l’alerte est déclenchée quand les PM10 (les particules inférieures à 10 µm) dépassent la limite de 50 µg/m3 sur vingt-quatre heures. Les particules fines, elles, ne font pas l’objet d’une réglementation journalière.
Sensibiliser le grand public
S’il n’existe pas de classement officiel de la pollution par les PM2,5 en France, des associations collectent quotidiennement les données diffusées en ligne par les observatoires de l’air à partir de différents capteurs. Elles sont parvenues au décompte de soixante-six jours de dépassement – du seuil de l’OMS – en 2018 pour la station de Lille-Fives, la seule à mesurer dans la métropole les niveaux de PM2,5 en conditions dites de fond urbain. Une tendance confirmée par ATMO Hauts-de-France.
A titre de comparaison, selon les statistiques communiquées au Monde par Airparif, en 2018, l’Ile-de-France a enregistré soixante et un jours de dépassement, dont cinquante-cinq à Paris sur au moins une station mesurant les PM2,5.
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