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Masse critique : faisons du vélo pour le « pouvoir d'achat »

 

Rendez-vous avec votre vélo le samedi 5 juillet, premier samedi des soldes, à Liège et à Bruxelles pour une masse critique défendant l’idée que la solution au problème du « pouvoir d’achat » ne se trouve pas dans la réduction de la fiscalité sur les énergies fossiles ou dans la subvention aux comportements énergivores mais dans un changement profond de notre mode de vie et dans une meilleure répartition des richesses.

Dans cette optique, le rôle des pouvoirs publics est à notre avis de faciliter la transition vers des façons d’habiter, de se déplacer, de produire... moins énergivores, de façon à faire cesser à moyen terme notre dépendance aux énergies fossiles. Les pouvoirs publics devraient ainsi financer un plan d’isolation des habitations ; plutôt que de défiscaliser les carburants professionnels, il serait préférable de relocaliser une partie de la production et de développer les modes de transports moins polluants, plutôt que d’aider à l’achat de voitures prétendument « propres », il faudrait investir dans les transports en commun, etc.

Le vélo est emblématique de cette nécessaire transition et constitue une réponse directe au problème du « pouvoir d’achat » : remplacer la voiture par le vélo, c’est, pour un ménage, faire jusqu’à plusieurs centaines d’euros d’économie par mois.

Rendez-vous à 14h sur l’esplanade St Léonard (à Liège) et sur la place de la Monnaie (à Bruxelles).

Organisation : ACC, Bruxelles Air Libre, Cyclonudista, Futur ? Présent !, Gracq, GRAPPE, Inter-Environnement Bruxelles, Respire, StopCHB.


Une carte blanche est parue dans le journal Le Soir du 5 juillet à l’occasion de cette masse critique :

Roulons pour le « pouvoir d’achat »,... mais à vélo !

La baisse du « pouvoir d’achat », qui est pour le moment au centre des préoccupations médiatiques et politiques, est un problème réel pour un nombre croissant de ménages : beaucoup d’entre nous ont de plus en plus de difficultés à payer facture énergétique ou déplacements... sans parler du loyer ou de la nourriture qui sont aussi de plus en plus chers.

Pourtant, nous pensons que plusieurs des « solutions » qui sont avancées aujourd’hui dans le débat public n’en sont pas : réduire la fiscalité sur l’énergie ou subventionner la consommation des énergies fossiles ne constituent en rien des réponses structurelles à la crise. On peut comprendre la volonté des syndicats de trouver d’urgence une solution. Mais dans un contexte où la demande de pétrole dépasse l’offre, ces mesures constituent une fuite en avant et mènent à une pression inflationniste. En réduisant les moyens de l’Etat et en incitant à la poursuite des comportements énergivores — et en différant de la sorte l’adaptation de nos comportements et de nos modes de production —, ces prétendues « solutions » annoncent des lendemains terriblement difficiles. Sans compter que soutenir l’achat d’énergie fossile par les ménages, favoriser l’achat de voitures « propres » ou défiscaliser les carburants professionnels, entre autres choses, revient in fine à verser une subvention aux majors du pétrole, pourtant déjà enrichis au-delà de toute mesure |1|.

Nous pensons au contraire que la solution au problème du « pouvoir d’achat » se trouve d’une part dans la modification de notre mode de vie et d’autre part dans la redistribution des richesses. Il n’y a pas à tergiverser, nous allons devoir apprendre à consommer moins et à valoriser plutôt la sphère immatérielle que la consommation matérielle : « moins de biens, plus de liens », pourrait être le slogan d’un avenir possible. Dans ces conditions, pour garantir à chacun l’accès aux ressources de base, il faudra que les plus nantis réduisent fortement leur train de vie.

La baisse du « pouvoir d’achat » pose en effet de façon aigüe la question des besoins. On peut ainsi s’interroger : le pouvoir d’acheter quoi ? Pour certains, il s’agit d’acheter des biens de première nécessité alors que pour d’autres, il s’agit de garantir un niveau de confort qui, en regard de la situation des plus défavorisés en Belgique et dans le monde, n’est pas autre chose que l’expression d’un privilège.

Ce que nous réclamons des pouvoirs publics, c’est que, bien plus qu’aujourd’hui, ils jouent, par l’impôt et les services publics, leur rôle de redistribution des richesses — soit exactement l’inverse de ce qu’a fait, par ses réformes fiscales successives, le ministre des finances, M. Reynders — mais aussi qu’ils rendent possibles, facilitent et encouragent les choix de vie qui réduisent notre consommation d’énergie et nous permettront de ne plus dépendre, d’ici quelques années, des énergies fossiles.

Les transports représentent ici un enjeu crucial (ils dépendent à 98 % du pétrole). Nous voulons notamment que les pouvoirs publics favorisent de manière volontariste l’usage du vélo, notamment en limitant la vitesse des voitures en ville à 30 km/h et en exigeant la construction d’espaces de rangement adéquats dans toutes les nouvelles constructions. Remplacer la voiture par le vélo, c’est, pour un ménage, faire jusqu’à plusieurs centaines d’euros d’économie par mois. Bien sûr, ce n’est pas toujours facile ni même possible. C’est pour cela qu’un changement de priorités dans la politique de mobilité est nécessaire : pour faire en sorte que chacun d’entre nous ait réellement le choix de son mode de transport.

Au-delà des mesures d’urgences et afin de ne pas laisser dans le froid l’hiver prochain un nombre grandissant de Belges modestes, nous demandons que soit mis en oeuvre, dès cet automne, un plan d’urgence d’isolation des habitations. Nous voulons que le kérosène soit enfin taxé, de façon à ce que le prix du billet d’avion reflète effectivement la nuisance environnementale que représente ce mode de déplacement. Nous exigeons une amélioration nette de l’offre de transports en commun, tant en qualité qu’en quantité — ce qui suppose d’investir massivement dans les chemins de fer pour augmenter la capacité du réseau local et national —, la limitation de l’usage de la voiture en milieu urbain et la restriction de la voiture de société à un usage strictement professionnel. Nous demandons enfin l’arrêt définitif de la construction de nouvelles infrastructures routières.

Bien sûr, la mutation que nous devons opérer ne se fera pas sans redistribuer largement les cartes : certaines activités, comme le transport routier ou l’aviation, sont destinées à réduire significativement leur volume d’activité. Le rôle des pouvoirs publics est de faciliter la transition sociale et économique et notamment la reconversion des personnes qui travaillent dans ces secteurs. Pourquoi pas, par exemple, par un vaste plan d’embauche de chauffeurs de camions par la SNCB dans le cadre de la réouverture de lignes de chemins de fer ?

Pour faire valoir notre point de vue, nous roulerons à vélo dans les rues de Bruxelles et de Liège ce samedi 5 juillet |2| : un jour symbolique, puisque c’est le premier samedi des soldes. Et les soldes symbolisent la contradiction à laquelle nous sommes confrontés. Pour les ménages les moins favorisés financièrement, elles sont l’occasion d’acheter à petit prix des biens autrement inaccessibles. Pour les autres, la majorité, elles sont le climax de la compulsion d’achats vite obsolètes, entretenus par une logique consumériste qui nous pousse à acheter toujours plus, sans fin.

Il est possible, collectivement, de surmonter le défi énergétique et la crise sociale d’une façon respectueuse de l’environnement et socialement juste ; mais il est plus que temps de s’y mettre. À vélo !

|1| Au point de constituer une menace économique et démocratique, par exemple par la constitution de fonds « souverains » et la par la financiarisation de l’économie que ceux-ci encouragent.

|2| Rendez-vous à 14h sur l’esplanade St Léonard à Liège et sur la place de la Monnaie à Bruxelles.


Le parcours liégeois :


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Date(s) : le samedi 5 juillet 2008 à 14h
Lieu : Liège (Esplanade St Léonard) et à Bruxelles (place de la Monnaie)