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Quel tram à Liège ?

« La précipitation du gouvernement wallon cache mal les lacunes du projet »

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Entretien paru dans "Imagine", septembre 2008

Le 24 juillet dernier, le gouvernement wallon vient de donner son feu vert pour construire une ligne de tram à Liège. Celle-ci suivrait la vallée sur 12,5 km, entre Herstal et Seraing, et devrait coûter 700 millions d’euros (300 pour l’infrastructure et 400 pour l’exploitation sur une période de 30 ans). Le Groupement de redéploiement économique de Liège (GRE) va faire avancer ce dossier, qui devrait, selon le ministre des Transports et de la Mobilité, André Antoine, être ficelé à l’automne. Le marché public européen serait alors lancé à la fin de l’année pour débuter les travaux en 2011. L’exploitation de la ligne serait ouverte en 2013.

Quelle est l’analyse faite par l’association urbAgora de ce projet ?

Le gouvernement wallon confond vitesse et précipitation. Alors que le dossier a traîné pendant des années, on accélère soudain au point de ne même pas laisser le temps d’en parler aux conseils communaux concernés. Cette précipitation cache mal les graves lacunes du projet proposé. Alors que poser des rails est un choix qui engage pour des décennies, on a affaire ici à un projet qui ne réfléchit qu’à très court-terme et se contente de substituer le tram au bus là où ce dernier arrive à ses limites face à une demande croissante, sans jamais s’interroger sur les perspectives à long-terme de l’urbanisation ni concevoir le tram comme le moyen de choix qu’il est pourtant de construire une ville plus agréable, plus durable et plus juste.

Quelle est votre proposition alternative, sur quels arguments essentiels se base-t-elle et combien coûterait-elle ?

Nous cherchons d’abord à poser le problème de la mobilité globalement. Si le tram constitue le fer de lance de nos propositions, nous envisageons aussi une meilleure exploitation du chemin de fer ou avons le soucis des piétons et des cyclistes qui devront bénéficier des aménagements à venir. Le réseau de tram que nous préconisons est composé de quatre antennes reliant le centre-ville à respectivement Ans, Herstal, Fléron et Jemeppe via Seraing, complété d’une boucle au centre-ville, épousant approximativement le tracé de l’actuelle ligne 4. Ce tracé est long d’environ 35 kilomètres, soit environ 700 millions d’euros d’investissement. Quant aux coûts d’exploitation de ce réseau, nous pensons qu’ils seront non seulement supportables mais profondément justifiés dans un contexte énergétique tendu.

Le temps presse : quels sont vos alliés et comment comptez-vous vous faire entendre ?

La région liégeoise se singularise par un contraste frappant entre une opinion publique relativement dynamique et des pratiques politiques antédiluviennes, en particulier l’absence, dans les sphères du pouvoir, d’une culture du débat public. Dans ce contexte, c’est sur le mouvement plus que sur l’institution qu’il convient de compter pour faire changer les choses. Depuis le lancement de la pétition « Oui au tram ! Non à l’autoroute ! » en septembre 2007, des milliers de personnes nous ont soutenu. Nous pensons que l’aspiration à la justice sociale et écologique et l’exigence démocratique que nous portons peuvent être partagées par la majorité de nos concitoyens.