L’annonce par le ministre wallon de la mobilité, André Antoine, ce vendredi, de la décision ferme de réaliser une première ligne de tram à Liège est une victoire ! C’est une victoire pour Liège, qui retrouve — enfin — un possible projet urbain à l’échelle de l’agglomération. C’est
aussi une victoire pour ceux qui, depuis de longues années, se battent pour construire ce projet. À cet égard, on peut également parler d’une victoire d’urbAgora : notre association a été portée sur les fonds baptismaux par le mouvement liégeois pour le tram, qui, depuis un an et demi, a multiplié les manifestations, les conférences, les démarches auprès des responsables politiques.
Cette décision, couplée à l’abandon, au moins provisoire, du projet d’autoroute entre Cerexhe-Heuseux et Beaufays (CHB), est la preuve que des choix politiques sont encore possibles. Dans pareille circonstance, il convient de saluer d’un grand coup de chapeau.
Motif supplémentaire de satisfaction : cette décision ringardise un peu plus encore la clique bétonisante et sa dangereuse obsession automobile. Ne lui en déplaise, la fuite en avant autoroutière, l’éparpillement du territoire et la multiplication des zonings en tous genre ne sont pas une fatalité : la vie en ville a de l’avenir. C’est tous les quartiers denses de la vallée mosane qui ont aujourd’hui motif à se réjouir.
Il faut en effet rappeler que l’arrivée du tram est une occasion exceptionnelle pour la ville |1|, une occasion qu’il va maintenant falloir transformer en une amélioration réelle non seulement de la mobilité mais aussi et surtout de la qualité de vie à Liège. Loin de se limiter à un « upgrade » technique, le tram doit en effet être conçu comme un projet urbain, visant à refondre profondément l’aménagement urbain, à redensifier la zone urbaine avec une grande exigence qualitative |2| ainsi qu’à retrouver un équilibre entre les modes de transports, faisant
plus de place aux piétons, aux cyclistes et aux transports en commun.
La réussite de ce défi passera d’abord par le respect de quelques principes simples : chercher l’intermodalité avec les autres modes de transports et notamment avec la SNCB (dont plusieurs arrêts devront être créés ou réouverts), réaliser un site propre intégral priorisé, favoriser le passage au coeur des quartiers et optimiser le tracé pour obtenir une vitesse commerciale élevée.
Bien sûr, dans notre chef, les interrogations ne manquent pas ; pas plus les réserves sur certains points du projet. Mais il y a un temps pour tout. Et puisque le ministre se dit désireux de concerter largement, urbAgora va solliciter un rendez-vous avec M. Antoine, pour demander une série d’éclaircissements et faire part de certaines propositions ainsi que de certaines inquiétudes. Nous lui demanderons également quel planning il compte suivre et quelle place la concertation avec la
population prendra dans ce planning. Nous ferons ensuite le point.