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Avis d'urbAgora dans le cadre de l'enquête publique sur le « Cristal Park »

mardi 10 avril 2012,

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Avis de l’asbl urbAgora dans le cadre de l’enquête publique sur le Rapport urbanistique et environnemental du projet « Cristal park ».

Liège, le 10 avril 2012

L’asbl urbAgora a pris connaissance du Rapport urbanistique et environnement du projet « Cristal Park », sur le site du Val-Saint-Lambert. Nous souhaitons formuler à son propos les remarques et propositions suivantes.

1. Remarques générales

1.1. Un RUE incomplet ?

Certains documents de compréhension (coupes, 3D,...) manquent pour permettre au lecteur de comprendre avec précision ce qui est envisagé.

On aurait aussi apprécié que le RUE envisage d’autres possibilités de développement du site que celles qui sont actuellement prévues par la société « Immoval ».

Plus largement, le RUE n’est pas, à notre estime, l’outil le mieux adapté à l’étude des potentialités d’un site tel que celui-ci.

1.2. Une cohérence peu évidente entre les différentes fonctions

L’avenir des cristalleries devrait, à notre sens, être au centre des préoccupations. Il semble pourtant n’être que le prétexte à un développement immobilier des plus classiques, associant diverses fonctions dont la complémentarité avec l’activité artisanale est difficile à cerner.

Nous plaidons pour que le site garde sa vocation industrielle (et donc pour que le site des cristalleries ne change pas d’affectation au plan de secteur) et que la priorité y soit donnée au développement économique.

1.3. Un risque de dispersion des moyens dans un contexte délicat

La Ville de Seraing est aujourd’hui engagée dans un très ambitieux « Master Plan » visant notamment à la reconversion de centaines d’hectares de terrains situés dans le fond de vallée. Alors que ce projet est au milieu du gué et que sa réussite va conditionner tout l’avenir de la vallée, poursuivre parallèlement une urbanisation sur des zones périphériques (a fortiori lorsqu’elles sont occupées par des forêts et des pâtures) nous semble, dans le chef du pouvoir communal sérésien, tout à fait incompréhensible. Pour ce qui concerne le développement de logements et de bureaux, les moyens — y compris privés — doivent à notre sens, dans les prochaines années, être concentrées vers les points nodaux du Master Plan.

1.4. Des réponses trop faibles en matière de mobilité

Le RUE reconnaît explicitement que les développements envisagés vont créer des difficultés de mobilité autour du site. Il n’y apporte aucune réponse crédible (la proposition de modifier les horaires des entreprises est assez surprenante). Pire : le type de développement envisagé (peu dense, avec une desserte en boucles,...) favorise l’usage quasi exclusif de la voiture individuelle (l’éloignement des nouvelles maisons avec les premiers arrêts de transport en commun, notamment, est trop important). La possibilité du passage d’une ligne de bus sur le site (qui impliquerait de prévoir un cheminement traversant) n’a, semble-t-il, pas été envisagée.

La façon dont sont envisagés les modes doux dans le RUE est tout à fait insuffisante. En ce qui concerne le vélo, nous demandons à ce que des itinéraires cyclables soient prévus pour relier les différentes parties du site à la future station REL (où des espaces de stationnement protégé devront être prévus en suffisance). Nous demandons aussi à ce que qu’un itinéraire cyclable soit prévu le long du futur boulevard urbain vers le Molinay mais aussi qu’une connexion soit prévue vers la rue Ferrer.

Figure 1

1.5. Une insertion inadéquate dans le futur réseau « REL »

Le RUE envisage — et c’est heureux — la possibilité d’un point d’arrêt du futur réseau express liégeois. Celui-ci est cependant mal situé à nos yeux. En effet, en localisant l’arrêt non pas sur la ligne 125A mais sur la ligne industrielle se dirigeant vers Yvoz-Ramet, le RUE compromet l’insertion de la Ville de Seraing dans un réseau maillé à l’échelle de la grande agglomération liégeoise : pour ce faire, il est en effet indispensable de permettre une connexion avec Flémalle (où les usagers du futur REL trouveront notamment une correspondance avec les trains IC de la dorsale wallonne).

Nous recommandons dès lors l’implantation de l’arrêt REL sur la ligne 125, comme présenté sur la figure 1 (point A : arrêt actuellement envisagé ; point B : arrêt proposé par urbAgora).

2. Remarques particulières

2.1. Préservation de la « Terre aux choux »

Nous demandons que le site dit de la « Terre aux choux » (dans ses deux parties, haute et basse) soit préservé de toute urbanisation. Les développements actuellement envisagés ne justifient pas l’extension vers ce site de grande valeur paysagère et biologique : il est possible de les localiser sur la partie Nord du site. Nous demandons en outre que la « Terre aux choux » (dans ses deux parties, donc) soit requalifiée en zone verte au plan de secteur.

2.2. Espaces de loisirs

Si la combinaison d’une piste de ski intérieure avec un « aquaparc » constitue un moindre mal d’un point de vue énergétique (on aurait aimé que la Ville de Liège ait eu ce réflexe élémentaire lorsqu’elle a décidé conjointement de la construction d’une piscine et d’une patinoire), la justification de ces deux infrastructures ne nous paraît pas avérée, à la lecture du RUE.

La création d’un « aquaparc » nous pose question alors que les « Prés de Tilff », situés à quelques kilomètres, sont en passe de connaître une fermeture définitive. Ne serait-il pas préférable de réhabiliter une infrastructure existante plutôt que d’en construire une nouvelle ? Peut-on raisonnablement espérer que cet « aquaparc » connaisse un autre sort que celui des « Prés de Tilff » ? Est-il pertinent d’implanter un « aquaparc » à un kilomètre à peine de la piscine communale de Seraing ?

Quant à la piste de ski, il ne semble pas qu’un tel équipement (dont nous évaluons la consommation énergétique à celle d’environ 1000 logements) soit compatible avec les engagements de la Belgique en matière de réduction des émissions de gaz à effets de serre.

Nous émettons donc de sérieuses réserves à l’égard de ce volet du projet.

2.3. Commerce

Le contexte de saturation commerciale que connaît la région liégeoise ne permet plus d’accepter le développement de sites commerciaux de plusieurs dizaines de milliers de m2. La spécialisation annoncée du site n’offre aucune garantie, dans l’état actuel de la législation, de ne pas voir, à l’instar d’autres projets du même type qui ont connus une « dérive » vers une fonction commerciale classique, le site se transformer peu à peu en un site commercial de plus, avec toutes les conséquences négatives que cela aura sur d’autres sites (et notamment sur les développements commerciaux envisagés au centre de Seraing).

Le développement commercial doit donc, à notre estime être conditionné à un dispositif règlementaire contraignant (schéma commercial régional ?) sur la spécialisation du site et permettant une restructuration progressive des commerces de meubles de la route du Condroz en quelques polarités – le Val Saint-Lambert pouvant être l’une d’entre elles.

2.4. Bureaux (« business park »)

La fonction de bureau nous semble peu pertinente à l’endroit envisagé. Nous pensons que cette fonction devrait plutôt être localisée en cœur de ville, où d’importants espaces restent disponibles.

En outre, la typologie envisagée (un alignement de « pavillons » le long d’une voirie intérieure au site, sans aucune connexion avec le quartier pourtant tout proche) nous semble inadéquate. Le bureau doit à notre sens s’intégrer dans des développements fonctionnellement mixtes.

Si les autorités estiment néanmoins nécessaires de développer du bureau sur le site du Val Saint-Lambert, nous suggérons de le localiser à proximité immédiate du futur arrêt du REL, dans le cadre d’un éventuel « écoquartier » à envisager sur ce site, en bord de Meuse (cf. infra).

2.5. Hôtellerie

Le développement de la fonction hôtelière sur le site nous semble opportune et pertinente. De manière plus générale, la valorisation du site du Val-Saint-Lambert pour accueillir des congrès et autres événements nous semble intéressante.

2.5. Parking

Le parking en élévation prévu à l’entrée du site (5 niveaux dont 4 hors-sol, avec possibilité d’extension) est à notre sens inadéquat à l’endroit envisagé. Son impact paysager massif portera notamment préjudice au site du château. Nous demandons que cet équipement soit revu dans une forme plus discrète et mieux intégrée.

Nous soulignons aussi qu’une réelle politique d’accessibilité au site — à ce jour absente — permettrait de réduire le nombre de places de stationnement nécessaire.

Figure 2

3. Propositions

Nous préconisons un recentrage du projet, aussi bien au niveau fonctionnel que géographique.

Nous recommandons d’axer de façon plus décisive le développement du site sur sa fonction actuelle, industrielle et artisanale (développement d’un parc pour PME). Les cristalleries du Val Saint-Lambert constituent un patrimoine non négligeable pour la région. Leur préservation et leur développement doit être la priorité numéro un dans ce dossier.

Nous recommandons ensuite de concentrer d’éventuels développements urbanistiques dans la partie Nord du site (cf. figure 2), en visant d’une part (zone 1) à la réhabilitation du site des cristalleries proprement dit et, d’autre part (zone 2), dans un horizon de moyen terme |1| au développement d’un quartier dense, urbain et fonctionnellement mixte à l’arrière du château, respectant les éléments historiques présents sur cette partie du site (alignements d’arbres et ancien mur d’enceinte de l’abbaye). À plus long terme (zone 3), l’implantation de l’arrêt REL amènera sans doute à ré-envisager la fonction actuelle du site situé entre la ligne de chemin de fer et la Meuse, pour y implanter un quartier mixte faisant le lien entre le site du Val et la station REL.

4. Conclusion

Le projet tel qu’il est présenté aujourd’hui nous semble inacceptable. Gaspillage de terrain précieux, consommation énergétique disproportionnée, logique de zonage monofonctionnel, orientation urbanistique « tout à la voiture », éloignement de la fonction principale du site : il est possible de faire beaucoup mieux.

Pour l’asbl urbAgora,

François Schreuer
président

|1| Après la réalisation des phases les plus délicates du Master plan de la vallée sérésienne

Cette publication est éditée grâce au soutien du ministère de la culture, secteur de l'Education permanente

 

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